Méthodologie générale
Le Jour du Dépassement à l’échelle mondiale est défini de la manière suivante (Global Footprint Network, n.d.) :
\[ D_{overshoot} = \frac{B}{E}\cdot 365 \]
où :
- $D_{overshoot}$ est le Jour du Dépassement (compris entre le $1^{er}$ janvier et le $31$ décembre) ;
- $B$ est la biocapacité totale de la planète exprimée en hectares globaux ;
- $E$ est l’empreinte écologique de toute l’humanité exprimée en hectares globaux.
Dans notre configuration, la biocapacité d’un territoire désigne la capacité d’une région biologiquement productive (zones agricoles, forêts, cours d’eau, zones de pêche, etc.) à générer des ressources renouvelables et à absorber les déchets générés par les humains, notamment le dioxyde de carbone émis par la combustion des combustibles fossiles. Cela représente la capacité de l’écosystème naturel à produire des biens utiles à l’homme, comme la nourriture, les fibres (pour les vêtements et autres), et à fournir des services comme la purification de l’air et de l’eau, la pollinisation des cultures, et l’absorption du dioxyde de carbone.
L’empreinte écologique, quant à elle, est une mesure de la quantité de ressources naturelles consommées par les humains par rapport à la capacité de la Terre à régénérer ces ressources. Elle quantifie ainsi la quantité de terres et d’eau biologiquement productives nécessaires pour fournir les ressources qu’une population consomme et pour assimiler les déchets qu’elle produit. Cela comprend des ressources telles que la nourriture, les fibres, le bois, l’espace pour les infrastructures urbaines et l’absorption des émissions de CO2.
Ces deux indicateurs sont exprimés en hectares globaux (gha), une unité de mesure de surface qui représente la productivité moyenne de toutes les surfaces biologiquement productives sur une année. À titre illustratif, les hectares globaux par personne indiquent la surface moyenne dont aurait besoin un individu pour vivre si l’intégralité de ses besoins étaient issus de ressources renouvelables. Ainsi, un Français moyen aurait besoin d’environ 4,4 hectares de terres biologiquement productives pour permettre son train de vie, tandis qu’un Indien n’aurait besoin que de 1,2 hectares.
Tous les ans, les données sur le Jour du Dépassement sont mises à jour par les National Footprint and Biocapacity Accounts (NFBAs). Comme évoqué dans notre analyse de la qualité des données, les différentes sources pour calculer le Jour du Dépassement sont issues des Nations Unies et d’organismes affiliés. Ces données sont maintenues à intervalles réguliers par le York University’s Ecological Footprint Initiative et le Global Footprint Network (Global Footprint Network, n.d.).
Le principal défi du calcul du Jour du Dépassement est la disponibilité des données en temps réel pour calculer les empreintes écologiques et les biocapacités exactes. Pour l’année en cours, le Global Footprint Network ne peut pas attendre la fin du mois de décembre s’il désire maximiser son écho médiatique de sensibilisation. Selon plusieurs chercheurs travaillant sur la méthodologie du Jour du Dépassement (Lin, 2021), les calculs doivent donc se baser sur des bases de données moins officielles ou sur des tendances récentes. En effet, d’après ces mêmes chercheurs, le délai d’attente pour l’obtention des chiffres des Nations Unis est d’environ 4 ans.
Cependant, une fois ces données obtenues, les chiffres sont actualisés dans la base de données et servent à ajuster les jours du dépassement des années précédentes. Selon notre analyse de la qualité des données, environ 25% des valeurs (celles ayant un score de qualité pour la dernière année inférieur ou égal à B) sont susceptibles d’être modifiées après leur publication initiale.
Méthodologie par pays
Pour analyser avec une plus grande granularité l’empreinte écologique (et par conséquent le nombre de planètes correspondant au train de vie), les données de consommation sont également calculées par le Global Footprint Network à l’échelle de chaque pays.
Tout comme l’empreinte écologique globale (Global Footprint Network, n.d.), l’empreinte écologique par pays prend en compte :
- l’empreinte carbone ;
- l’impact sur les zones de pêche ;
- l’impact sur les forêts ;
- l’impact sur terres cultivées ;
- l’impact sur les pâturages ;
- l’impact des surfaces bâties.
Bilan de l’empreinte écologique d’un des membres du groupe, correspondant à un Jour du Dépassement le 20 février (i.e. 7.2 planètes)
Lorsque l’on calcule l’empreinte écologique moyenne d’un habitant d’un pays, nous devons considérer :
- l’empreinte écologique de production par habitant ;
- l’empreinte écologique des importations ;
- l’empreinte écologique des exportations.
Ceci donne une empreinte écologique moyenne par habitant :
\[ E_{parHab} = E_{prod} + E_{import}- E_{export} \]
Grâce à cela, nous pouvons finalement calculer l’empreinte écologique moyenne par habitant d’un pays (en nombre de planètes):
\[ N_{planetes} = \frac{E_{parHab}}{B_{parHab}} \]
où :
- $E_{parHab}$ est l’empreinte écologique moyenne d’un habitant d’un pays donné exprimée en hectares globaux ;
- $B_{parHab}$ est la biocapacité moyenne d’un habitant sur la Terre exprimée en hectares globaux.
Le Jour du Dépassement correspondant se retrouve simplement en multipliant l’inverse de $N_{planetes}$ par $365$.
À titre illustratif, sur la carte interactive ci-dessous montrant l’évolution de $N_{planetes}$ entre 1961 et 2022, nous pouvons observer les disparités régionales ainsi que la détérioration de l’empreinte écologique moyenne dans tous les pays.
Evolution de l'empreinte écologique (en nombre de planètes) par pays entre 1961 et 2022
Bibliographie
- Global Footprint Network. About Earth Overshoot Day. https://overshoot.footprintnetwork.org/about-earth-overshoot-day/
- Global Footprint Network. Data and Methodology. https://www.footprintnetwork.org/resources/data/
- Lin, D. (2021). Estimating the Date of Earth Overshoot Day. https://www.overshootday.org/content/uploads/2021/06/Earth-Overshoot-Day-2021-Nowcast-Report.pdf